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  • Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !

    N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

    Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers

    Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?

    Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire,

    Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,

    Tant de fois affermi le trône de son roi,

    Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?

    Ô cruel souvenir de ma gloire passée !

    Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !

    Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !

    Précipice élevé d'où tombe mon honneur !

    Faut-il de votre éclat voir triompher Le Comte,

    Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?

    Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;

    Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;

    Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne

    Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.

    Et toi, de mes exploits glorieux instrument,

    Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,

    Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,

    M'as servi de parade, et non pas de défense,

    Va, quitte désormais le dernier des humains,

    Passe, pour me venger, en de meilleures mains.


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  • Mon enfant, ma soeur,
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble !
    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !
    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Des meubles luisants,
    Polis par les ans,
    Décoreraient notre chambre ;
    Les plus rares fleurs
    Mêlant leurs odeurs
    Aux vagues senteurs de l'ambre,
    Les riches plafonds,
    Les miroirs profonds,
    La splendeur orientale,
    Tout y parlerait
    À l'âme en secret
    Sa douce langue natale.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Vois sur ces canaux
    Dormir ces vaisseaux
    Dont l'humeur est vagabonde ;
    C'est pour assouvir
    Ton moindre désir
    Qu'ils viennent du bout du monde.
    - Les soleils couchants
    Revêtent les champs,
    Les canaux, la ville entière,
    D'hyacinthe et d'or ;
    Le monde s'endort
    Dans une chaude lumière.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.


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  • L'homme et la mer    

    Homme libre, toujours tu chériras la mer ! 

    La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme 

    Dans le déroulement infini de sa lame, 

    Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. 

    Tu te plais à plonger au sein de ton image ;  

    Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur 

    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur 

    Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. 

    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : 

    Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ; 

    Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, 

    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! 

    Et cependant voilà des siècles innombrables 

    Que vous vous combattez sans pitié ni remord, 

    Tellement vous aimez le carnage et la mort, 

    Ô lutteurs éternels, ô frères implacables ! 


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  • Le printemps des poètes, médiathèque de Joinville, 52300, en mars 2013

     

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